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L'histoire du préservatif

Durant l'Antiquité

Le plus vieux témoignage de la connaissance et de l'usage du préservatif remonte à 6000 ans avant Jesus Christ, grâce à une statuette égyptienne qui montre un homme muni d'un étui autour de son sexe.
On trouve aussi ce type de représentation sur des peintures murales. Mais ces étuis, alors fabriqués en lin, ne sont pas utilisés comme moyen de contraception. Ils servent lors des rituels ou comme protection pour raison de santé contre les infections, les morsures d'insecte ou les blessures. Le "Deutsche Gesellschaft für Urologie" (Histoire Allemande de l'Urologie) de 1911 nous montre une illustration d'un "fourreau Égyptien non contraceptif". Pour vous donner une idée, imaginez-vous un cache sexe en tissu, un peu comme un pull mais pour verge. Et non, il n'y a pas deux nouvelles collections par an, ni de défilés haute couture, ni de collection capsule, ni de collab. Ça viendra plus tard.

Au cours de la XIX dynastie égyptienne (1350 - 1200 avant notre ère) le "préservatif" en lin sert à se protéger des maladies. A l'image d'un masque aujourd'hui. Des fresques ornant différents tombeaux du temple de Karnac, bâti au cours de la 19ème dynastie en attestent. Elles représentent un homme dont l'extrémité du sexe est recouverte d'un petit capuchon.
Toutefois, dès 3000 ans avant Jésus Christ, les soldats égyptiens utilisent une capote pour se protéger des maladies vénériennes. Ces capotes sont fabriquées en vessies de porc ou en boyau de mouton.
Quand à Minos, le roi de Crète, on le décrit comme un utilisateur de vessies de chèvre avec l'une de ses amantes en 1500 avant J.-C.

Au 1er siècle avant J.-C, les romains utilisent une variante du préservatif à base de vessies ou d'intestins d'animaux.

En Europe, les premiers témoignages d'utilisation de la capote sont plus tardifs : des peintures rupestres à Combarelles en France, datées de 100-200 attestent de leur existence.

Le Moyen Age

En Asie, vers le Xème siècle, on retrouve des préservatifs en Chine : ils sont fabriquées en papier de soie huilée, beaucoup plus doux et confortable qu'un intestin. En outre leur fabrication est bien plus facile : plus besoin de tuer un animal, de récupérer et laver sa vessie ou ses intestins.
Au Japon, les « boites joyeuses » contiennent des Kabuta-gata, des préservatifs rigides en cuir ou en écailles de tortue. Ces capotes deux en un pouvaient aussi servir de gode pour ces dames ou ces messieurs. Ces armures, dignes d'un guerrier samurai, devaient constituer une protection extraordinairement efficace, mais pouvaient s'avérer blessantes pour le partenaire si elles étaient mal réalisées.

La Renaissance

Au XVIème siècle, Gabriel Fallopio, que nous connaissons surtout sous le nom de Gabriel Fallope (il a donné son nom aux trompes de Fallope), est un homme curieux, chirurgien et anatomiste de profession. Il occupe à Padoue la chaire d'anatomie et de chirurgie. Il invente un « fourreau d'étoffe légère, fait sur mesure, pour protéger des maladies vénériennes ». Dans un livre publié deux ans après sa mort, il décrit les essais du préservatif sur 1100 napolitains, très concluant, puisqu'aucun d'eux n'est affecté par la « carie française » ou « mal français » (les français parlent eux de « mal napolitain ») autrement connu sous le nom redouté de syphilis.
Ce livre popularise l'usage d'une gaine en lin, fabriquée à la main qui peut être trempée dans des décoctions d'herbe ou un peu de salive pour bloquer la propagation du sperme et des MST.
La renommée de Gabriel Fallope est grande, il soigne François 1er, le pape Jules II et on le surnomme L'Esculape (dieu romain de la médecine) de son temps.
Toutefois cette invention manque d'étanchéité, tient mal en place, elle est rapidement abandonnée et on revient aux vessies et aux intestins.
A cette époque, les capotes sont fabriquées de manière artisanale et réservés aux gens aisés, du fait de leur prix élevé.
Au XVIIe siècle en France, le possesseur et le vendeur de capotes risquent la prison : on retrouve la le poids de l'église qui s'oppose à l'époque à toute forme de contraception. Toutefois l'histoire raconte que les préservatifs de Louis XIV sont fabriqués en velours ou en soie et qu'ils se ferment avec un ruban coloré pour rester en place durant l'action.

Le préservatif manque toujours de fiabilité et de confort. Mais de grands changements arrivent.

Le XVIII ème siècle

Le catalysateur est la conférence internationale d'Utrecht qui a commencé au début de l'année 1712 pour aboutir à un premier accord le 11 avril 1773. Cette conférence a pour but de mettre fin à la guerre de succession qui règne alors en Espagne. Utrecht est envahie de 24 hauts diplomates et de leurs délégations respectives, qui s'ennuient fort loin de leur famille.
Evidemment cette foule d'hommes suscite l'arrivée de femmes galantes, dont certaines porteuses de MST. Fâcheux.
Jusqu'à ce qu'un artisan local décide de fermer d'un côté le caecum (une partie du colon) du mouton tout en lui gardant sa forme de gaine, le transformant en préservatif. Cette ingénieuse trouvaille fut commercialisée et adoptée par ces messieurs. Parmi eux les britanniques en rapportèrent quelques exemplaires au pays, ou la découverte fut copiée et produite industriellement sous le nom de Condom, dérivé du latin condere qui signifie protéger ou cacher.
Sade utilise ce terme dans la "Philosophie dans le Boudoir": "D'autres obligent leurs fouteurs de se servir d'un petit sac de peau de vessie, vulgairement nommé Condom, dans lequel la semence coule sans risque d'atteindre le but..!".

Toutefois ce système reste encore assez inconfortable, si on veut en croire Daniel Turner, physicien anglais qui nous explique dans "Practical dissertation on the venereal disease" que certains libertins préfèrent risquer la chaude pisse car la capote émousse trop les sensations.

Le célèbre Casanova, libertin devant l'éternel, est un converti à la capote pour éviter les maladies et les grossesses. Il l'appelle «Calotte d'Assurance» «Redingote Anglaise» et en 1718 lui aurait donné le nom de «Capote Anglaise»

En 1725, L.-M. Marie voyage Outre Manche, et, de retour en France, raconte avoir vu à Londres "deux grandes et belles boutiques dans les rues les plus passantes, fournies de jeunes demoiselles qui s'occupaient ouvertement de la fabrication de ces petits sacs".

En 1736, le docteur Jean Astruc publie « De Morbis venereis ». On peut y lire cette citation "..qu'en Angleterre les grands débauchés, [.], se servent depuis quelque temps de sacs faits d'une membrane très fine et sans couture, en forme de fourreau et qu'on appelle en anglais condom. Ils en recouvrent complètement le pénis avant le coït, afin de se protéger contre les risques d'un combat dont le résultat est toujours douteux".

Une gravure de 1744 montre des employés souffant dans un préservatif pour en tester la fiabilité. Le préservatif ne sert pas qu'aux libertins, il intéresse aussi les couples légitimes qui ne veulent plus avoir d'enfants. Il n'existe alors qu'une seule autre méthode, non fiable, celle du retrait. On se retire avant l'éjaculation.

En 1750, en France, un colporteur nommé Mr Jardin est condamné à la relégation après sept mois d'emprisonnement pour avoir été trouvé porteur de "28 condoms de vessie bordés d'un petit ruban rouge".
La relégation est définie comme "l'internement perpétuel sur le territoire de colonies ou possessions françaises, des condamnés que la présente loi a pour objet d'éloigner de France". La sentence est donc lourde pour quelques condoms.

En 1760, apparaît une gravure pour faire la promotion d'un magasin nommé «A la capote anglaise», une condomerie à Paris.
Changement de vocabulaire aussi, le « préservatif » laisse sa place à la «capote anglaise».

En 1776, à Londres une dénommée Mme Philipps fait paraître des annonces. On y apprend que son commerce est pourvu de "dispositifs de sécurité qui assuraient la santé de ses clients"..

Après la Révolution, les moeurs se libèrent : le commerce et l'utilisation de la capote deviennent légal. En 1780, parait une réclame discrète pour la Maison du Gros Milan, situé au 22 rue Beaujolais à Paris, dans le secteur du Palais Royal (l'équivalent de la rue Saint Denis à l'époque). On peut y lire "Fabrique de préservatifs de toute sécurité..bandages, suspensoirs, articles d'hygiène..Exportation discrète pour la France et l'étranger". La maison se spécialise dans cet article et le commerce devient florissant.

Toutefois les vendeuses doivent avoir l'oeil bien entrainé pour fournir à chacun la bonne taille, entre les vantards et les timides, tout en ne blessant l'orgueil de personne.

Dans les "Mémoires Secrets" de Louis Petit de Bachaumont, on peut lire le 3 octobre 1783 qu'au cours d'un souper galant (comprendre un dîner avec des femmes galantes), l'hôtesse a eu la délicatesse de faire distribuer des "Redingotes d'Angleterre" à ses invités.

Plus indirectement, à la fin du XVIIIème siècle, l'abbé Spallanzani, note que la pose sur les crapauds de caleçons de lin ciré interdit la fécondation. Mais si on ajoute l'éjaculat recueilli aux oeufs, la fécondation a lieu.

L'usage du préservatif prend de l'ampleur, notamment parce qu'il est vu, en plus d'un moyen pour se préserver des maladies et des infections, comme un moyen pour limiter le nombre de naissances. Avec la hausse de l'espérance de vie, il devient plus difficile de nourrir tout le monde, la contraception devient une excellente solution.
Condorcet en France et Malthus en Grande-Bretagne partagent ce point de vue.
Vers la fin du 18ème siècle on trempe le préservatif en lin dans une solution chimique contraceptive à base de spermicide puis on le laisse sécher, ce qui le transforme en un contraceptif beaucoup plus fiable.
Matière, fabrication, utilisation, marché, législation, le préservatif connait des changement dans tous les domaines. D'une protection, la capote évolue vers un objet de plaisir qui s'adapte aux envies et à la taille de chacun, tout en protégeant.

Le XIX ème siècle

Du XIXème siècle à nos jours, le préservatif en vessie ou en intestin artisanal laisse progressivement sa place à la capote en latex et en polyisoprène.
Le produit poursuit sa démocratisation et son ouverture au grand public : il est produit industriellement pour un marché de masse, son prix baisse, sa qualité augmente, de grandes marques apparaissent.

Détail croustillant et qui nous fait aujourd'hui sauter au plafond, les préservatifs en vessie ou en intestin sont réparés, ils perdent alors beaucoup d'efficacité et peuvent se déchirer, mais les couples ne continuent pas moins de les utiliser.

Ce texte de 1808 nous l'explique bien : "Si la membrane travaillée a été légèrement perforée, alors on bouche les trous en collant des lambeaux membraneux dessus et de pareils condoms sont souvent vendus sans garanties. On s'aperçoit de ces reprises à l'éclat particulier de la colle lorsqu'on examine la membrane du côté des retouches à l'intérieur de la capote. L'humidité détache souvent pendant le coït, les pièces collées sur les trous, et la membrane même la mieux raccommodée peut alors se déchirer complètement au moment où son intégrité importe le plus".
En Asie et plus particulièrement au Japon, si le préservatif en écaille de tortue a toujours la côte, il existe aussi des modèles en corne ou en cuir. Voilà qui devait être très confortable.
En 1839 aux USA, Goodyear invente la vulcanisation du caoutchouc qui le rend élastique et résistant: il faudra attendre 1843-1844 pour qu'on l'applique à une production de masse du préservatif, une collaboration entre Goodyear et Hancock (sans mauvais jeu de mot, puisque « cock » désigne vulgairement le sexe en anglais).
En 1843, cocorico, le préservatif est enfin dépénalisé en France. Le principal frein ? La toute puissance de l'église qui continue de voir d'un mauvais oeil tous moyens de contraceptions. Les ventes se font alors par correspondance ou sous le manteau, comme au 18ème siècle.
1880 est une année importante à double titre pour le préservatif.
Au Royaume-Uni, Mac Intosh, une compagnie spécialisé dans les imperméables et que nous connaissons toujours aujourd'hui, fusionne avec Hancock et se met à produire des préservatifs de manière industrielle.
Et surtout, c'est l'année de fabrication du premier préservatif fabriqué en latex liquide. Ce sont ceux que nous utilisons encore aujourd'hui. Une évolution importante qui supplante progressivement le caoutchouc. Par ailleurs, la production s'automatise. British Latex Products qui allait devenir après de multiples rachats, Reckitt Benckiser (l'entreprise commercialise Scholl, Air Wick, Calgon, Nurofen, Harpic, K-Y, Vanish, Veet, Woolite) et qui produit la marque de préservatifs Durex, fut le premier à s'engouffrer dans la voie de l'automatisation.

Au 19ème siècle, la dénomination du préservatif évolue, les noms de "Condom" et "Redingote anglaise" laissent leur place à la "Capote anglaise ".
Ce mot apparait même dans la littérature de l'époque ! Par exemple dès le premier vers du recueil de poésie "Parnasse satyrique du XIX° siècle" publié clandestinement par Théophile Gautier à Bruxelles en 1864. Ou encore en 1887 dans le "Journal des Goncourt" à propos de la maison de Victor Hugo à Guernesey : "Léon Daudet, qui m'accompagne et qui a assisté à l'ouverture de la maison de Hugo, disait que les armoires étaient bondées de "Capotes anglaises" d'un format gigantesque..et que c'était gênant de les faire disparaître en la présence de Madame Charles Hugo..!"

Les premières capotes en caoutchouc sont ... lavables et réutilisables, comme celles en vessie ou en intestin. Dans « Lip Tay » un ouvrage publié en 1908 sur la préservation sexuelle on précise que " si l'on veut se servir d'un préservatif en caoutchouc à plusieurs reprises, il faut d'abord le choisir plus grand à cause de son rétrécissement et le laver dans une solution de sublimé et l'essuyer à chaque fois que l'on s'en est servi. Après une insufflation d'air pour s'assurer de son intégrité et de sa résistance et pour enlever les plis, on saupoudre le condom à l'aide de lycopode acheté à la pharmacie ou de talc que l'on se procure chez le marchand de couleur, et après avoir tourné et retourné le condom dans cette poudre, on l'enroule sur deux doigts pour le conserver à l'abri de la lumière, de la chaleur et du froid excessifs. Il faut également préserver le caoutchouc du contact avec les corps gras (huiles, graisses, vaseline, paraffine), l'acide phénique, etc., qui le dissoudraient..".

Le XX ème siècle : les Temps Modernes

En 1900, deux sénateurs français, de Lamarzelle et Béranger tentent tant bien que mal de faire interdire la capote. Heureusement sans succès.
Le début du 20ème siècle voit apparaître « Le Pratique » un préservatif pour femme au succès immense puis oublié. Il renait en 1992 sous un nouveau nom, Femidom.
Chez les hommes, la capote se dote d'un réservoir, de textures, de picots, de couleurs et de parfums. Elle est garantie 5 ans (pièce et main d'oeuvre), se lave et se réutilise après avoir été lavée, séchée et talquée pour éviter qu'elle ne colle. Imaginez un peu le service après vente quand un client venait se plaindre d'avoir attrapé la chaude pisse malgré l'usage de sa capote.
La première guerre mondiale est une vraie saignée pour l'Europe. Conjuguée à la montée des nationalismes, elle pousse à une politique nataliste. Le préservatif est interdit dans les années 1920 en France. A contrario, le condom connait une forte percée en Grande Bretagne et aux USA : les GI's en emportent systématiquement, il permet de se protéger, de préserver les rations et l'équipement de l'eau.

1926 : apparition de la marque Trojan, célèbre pour ses capotes XXL aux USA.
Dans les années 30, le latex liquide remplace définitivement le caoutchouc crêpe. L'utilisation du préservatif commence à se généraliser. La concurrence fait rage aux USA où on assiste à une guerre sans merci entre fabricants : insultes, racket, délation. Le marché fait saliver, un demi milliard de préservatifs sont vendus rien qu'aux Etats-Unis en 1937.

Vers 1950, 25000 distributeurs automatiques de lames de rasoirs sont transformés en distributeurs de préservatifs aux USA.

1961 est une date charnière, elle signe l'invention par Durex de la capote lubrifiée. Personne n'y avait pensé ou n'avait réussi à le faire avant.

1986 : fondation de la marque de préservatifs Manix par les laborations Degan en France. La marque sera rachetée en 1995 par le groupe australien Ansell (ex filiale australienne de Dunlop).
En 1987, la France annule enfin l'interdiction de toute publicité en faveur du préservatif. Toutefois, toute publicité pour le grand public doit obtenir son visa de la part de l'Agence de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé comme s'il s'agissait d'un médicament. Un traitement qui fait polémique.
D'une protection, la capote évolue vers un objet de plaisir qui s'adapte aux envies et à la taille de chacun, tout en protégeant. Ainsi apparaît le polyuréthane, un matériaux deux plus fois plus solide que le latex, plus fin pour plus de sensations, qui conduit la chaleur et convient aux personnes allergiques au latex.
Par la suite le polyisoprène texturé, un caoutchouc de synthèse aux qualités similaires, lui fait concurrence. La capote reste aujourd'hui le seul moyen de protection efficace et en vente libre contre les IST et les MST.

Le prochain objectif des fabricants ? Le préservatif "invisible" qui vous donnera la sensation de faire l'amour sans capote, tout en en portant une !
Même démocratisée, la capote reste un produit cher dans certains pays pour ceux qui n'ont pas forcément les moyens de l'acheter et qui doivent se méfier des productions locales de mauvaise qualité ou des copies.
Autre frein qui pourrait être bientôt levé, l'église catholique commence à revenir sur sa position officielle anti capote. La situation s'améliore graduellement, nous n'avons pas fini de prendre du plaisir !